Un village et du verre
Village
de 1570 habitants, son histoire remonte
à une haute antiquité, témoin son "menhir" (La
pierre de Dessus-Bise).
Il est appelé
Sarto en 1100, Sars au
XIIIème siècle, synonyme de défriché, et Sars-Poteries
au début du XVIIIème, lorsque naît la poterie
de grès (les premiers habitants du village auraient
été des potiers originaires de Belgique), nom qui vaudra sa renommée
jusqu'à nos jours.
En 1802, on assiste à la naissance
de l'industrie verrière qui atteint
son apogée à la fin du XIXème avec les verreries d'En Bas et d'En
Haut (elles comptent 800 ouvriers en 1900) qui cesseront leurs
activités en 1937. De celles-ci ne
reste que la maison du directeur : le "Château
Imbert" qui abrite aujourd'hui les collections
du Musée du Verre : les "Bousillés",
objets fabriqués par les verriers pour leur usage en dehors du
temps de travail, et des témoins de l'art contemporain verrier.
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C.G.
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Le verre y connut
un siècle de prospérité avec la première industrie
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Riche d'un sous-sol argileux
et siliceux qui suscita tout un passé de potier, particulièrement
aux 17ème et 18ème avec des grès somptueusement décorés au cobalt
comme l'illustre une fouille récente de 1986, Sars-Poteries fut
durant le 19ème siècle une capitale industrielle du verre creux,
avec deux gobeleteries qui employaient en 1900 environ 800 personnes
dans la confection d'articles ménagers et de flacons.
Lorsqu'en 1937 les usines
fermèrent, victimes de la mécanisation comme tant d'autres (Arques
à l'époque comptait 120 salariés), l'histoire du verre semblait
ici révolue. C'était ignorer parmi les ruines et les rescapés
d'un tel désastre la présence et la survivance des "bousillés".
Ces objets de verre estimés
alors insignifiants et sans valeur marchande, des générations
de verriers les avaient ici réalisés selon leur fantaisie, pour
leur propre usage, pour offrir ou par envie de créer, et cela
pendant la pause du petit déjeuner ou du casse-croûte de midi.
Une tradition de créativité ouvrière gisait ici dans la mémoire
et le coeur des survivants, elle n'attendait que l'étincelle pour
se rallumer.
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1967 : Un Musée
qui donne envie de faire du verre
Le témoignage de Louis Mériaux
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Lorsqu'après
des années de recherche je présentais en 1967 ces "bousillés"
qui firent reconsidérer Sars-Poteries et ses travailleurs, j'eus
conscience de soulever un coin du voile sur un monde méconnu en
voie de disparition . Ce fut une aventure collective et une véritable
révélation qui en suscita d'autres le vaste domaine du patrimoine
artisanal et industriel de l'Avesnois :
Felleries et ses Bois Jolis, Bellignies et son
Marbre, Fourmies et son Ecomusée.
Ce n'est qu'avec
le temps que je réalisais l'évènement qu'était ce premier rassemblement
de "bousillés".
Jamais en effet ces modestes pièces uniques, personnalisées et
clandestines n'avaient été réunies ni exposées ensemble sur quelque
étal. On en découvrait encore quelques spécimens épars parmi les
familles de verriers, et une douzaine d'épis de verre flamboyaient
toujours sur le faîte des toits au soleil couchant.
1976 : les fours rallumés
avec les anciens du village
La vision de
toutes ces formes familières et la magie des couleurs redécouvertes
devaient alors provoquer l'esprit des derniers verriers survivants.
En 1975, presque 40 ans après la fin des Verreries Réunies de
Sars-Poteries, certains vinrent me dire : "Si tu veux, on
peut refaire du verre, on pourrait essayer... Et si on bousille,
ce sera alors la fête de tous les jours..." Le hasard des
rencontres d'été parmi les visiteurs du Musée me permit de parler
du projet à M Pierre Mauroy, Président alors du tout récent Conseil
Régional, et à M Noël Josèphe, Président de la Commission Enseignement
et Culture. Confié à leur diligence, le dossier de l'Atelier du
Verre n'eut pas le temps de moisir. En avril 1976, la longue flamme
du Verre rejaillit à Sars-Poteries.
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C.G.
La richesse d'un passé
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